La question de la rentabilité d’une démarche de prévention des risques est souvent posée par les entreprises.
En effet, la qualité de vie au travail est un concept qui se développe, avec de nombreux effets bénéfiques concernant l’organisation et les salariés.
Pourtant, certaines idées reçues entourent le coût d’une culture de prévention des risques professionnels, souvent jugée onéreuse.
La réalité est toute différente : c’est dans un contexte économique compétitif et des pénalités sociales importantes qu’ignorer le bien-être des salariés devient un luxe.
La prévention, c’est rentable !
La première source d’économie concerne les cotisations à la sécurité sociale dont toutes les entreprises doivent s’acquitter.
Outre la cotisation due à titre d’ « assurance maladie », il existe un taux de cotisation « accidents du travail et maladies professionnelles » (AT/MP) indexé sur les résultats de l’entreprise en matière de sécurité.
Par exemple, un syndrome du canal carpien avec un taux d’incapacité permanente de 9% est répercuté dans les cotisations AT à hauteur de 12 000€ sur 3 ans, 92 000€ pour une surdité de 35 décibels, ou encore 620 000€ pour un décès (CRAM Alsace Moselle, 2010).
Les inspecteurs de la CARSAT (ex CRAM) peuvent augmenter ces taux de cotisation s’ils estiment qu’aucune action de prévention n’a été entreprise suite à des problèmes récurrents et/ou bien connus.
Pour les accidents du travail, il faut ajouter les prestations en nature à la charge de l’entreprise (frais d’hospitalisation, pharmaceutiques, ou encore de transport). Enfin, rappelons qu’une indemnisation supplémentaire du salarié n’est pas à exclure en cas de faute caractérisée de l’employeur.
Un investissement sur le long terme
À ces sanctions financières s’ajoutent de nombreux coûts indirects :
Tout d’abord, les risques d’inaptitude se multiplient avec des aménagements de poste ou des reclassements en conséquence.
L’absentéisme ensuite : si un TMS aux genoux représente en moyenne 60 jours d’arrêt, l’épaule en requiert 250 (CRAM Pays de la Loire).
Il faut donc combler cette perte de production soit par l’arrivée d’un remplaçant qu’il faudra former, soit par la répartition de la charge de travail sur les autres salariés, qui seront plus exposés aux contraintes favorisant l’apparition de nouveaux AT/MP.
En ce qui concerne les coûts commerciaux, les délais de production deviennent plus difficiles à respecter, au risque d’engendrer des pénalités de retard. Enfin, la pression temporelle risque de conduire l’entreprise à diminuer la qualité de ses produits ou celle de ses services.
C’est l’image de l’entreprise elle-même qui est en jeu. Il y a bien sûr le sentiment d’appartenance à l’organisation, le niveau de satisfaction et d’investissement des salariés. Mais il faut aussi songer à l’opinion des clients. Le contexte économique actuel change les comportements. L’éthique apparaît clairement comme un facteur de choix. Au même titre que le respect de l’environnement, celui des conditions de travail devient un enjeu majeur sur le marché.
Une culture de prévention des risques professionnels, bien qu’onéreuse a priori, est donc bien plus économique à long terme. On estime d’ailleurs que les coûts indirects sont trois fois plus élevés que les coûts directs. Pour l’Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail (EU-OSHA), le retour sur investissement s’élèverait entre 2,5 et 4,8 euros pour chaque euro investi.
Quelle que soit la taille des entreprises, le montant exorbitant des coûts directs n’est pourtant que la partie visible des nombreuses conséquences pernicieuses. Il est d’autant plus important de penser la prévention des risques professionnels le plus en amont possible.