Face à la pandémie actuelle, l’employeur a mis en place, souvent dans l’urgence, une nouvelle organisation au sein de son entreprise.
Le télétravail est la règle impérative pour tous les postes qui le permettent. Pour les postes non éligibles, l’activité peut être maintenue si elle est jugée indispensable.
Ces organisations conduisent à un fonctionnement inédit de l’entreprise, demandant notamment une vigilance accrue sur les risques psychosociaux.
Les risques psychosociaux, de quoi s’agit-il ?
Les risques psychosociaux (RPS) concernent toutes les entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité. Ils sont définis comme un risque pour la santé physique et mentale des travailleurs.
Leurs causes sont à rechercher à la fois dans les conditions d’emploi, les facteurs liés à l’organisation du travail et aux relations de travail (définition du Ministère du travail).
Cela se manifeste sous trois formes :
- Le stress,
- Les violences, verbales ou physiques,
- Le harcèlement.
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter notre plaquette « La souffrance au travail – définitions » et notre vidéo tutoriel « Comment intégrer les RPS dans votre DUER ».
Les RPS dans le cadre de la pandémie
Cette situation exceptionnelle constitue un facteur aggravant quant à l’émergence ou l’accentuation des RPS au sein de l’entreprise. L’INRS propose un outil pour évaluer les facteurs de risques psychosociaux. Votre Service de Santé au Travail a ciblé quatre éléments importants de cette crise.
La contrainte du confinement
Dans beaucoup d’entreprises, le télétravail a été mis en place dans l’urgence. Cette organisation peut donc être nouvelle mais surtout imprévue pour les collaborateurs, ne leur permettant pas systématiquement d’avoir un aménagement optimal du poste de travail à leur domicile.
Ce confinement induit un risque d’isolement professionnel et social par une perte de contacts mais aussi d’hyper connexion par l’utilisation de multiples canaux de communication (mail, groupes d’échanges, visionconférences, etc.). Ce télétravail peut également créer un déséquilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, avec pour conséquence potentielle des conflits familiaux.
La crainte de la maladie
Les réactions personnelles sont différentes. Certaines personnes peuvent se sentir dépassées par les événements, d’autres auront des réactions mesurées et réfléchies ou bien réagiront de manière plus vive.
Dans tous les cas, cette situation inédite provoque des questionnements ou des inquiétudes pour soi-même, ses proches, ses collègues. Cela peut-être accentué pour les personnes qui se rendent sur leur lieu de travail, tout en sachant que :
- Le risque de contamination est présent, notamment pour les personnes en contact avec des clients,
- Les équipements de protection collective ou individuelle sont parfois déficitaires voire inexistants.
L’angoisse économique
Les entreprises peuvent se trouver en situation délicate, créant une incertitude pour les salariés. Cela peut concerner la pérennité de leur emploi et l’éventualité d’un chômage partiel. Dès lors, deux comportements peuvent apparaitre : l’appréhension de justifier son travail et la culpabilisation quant à son efficacité professionnelle.
La sédentarité
Le confinement impose nécessairement une sédentarité forcée. Cela constitue un facteur de risque pour certaines pathologies mais peut aussi avoir d’autres effets sur les salariés : changement de régime/comportement alimentaire, nervosité, fonte musculaire, pratique addictive, etc.
Quelques bonnes pratiques
Pour le télétravail, la priorité est de mettre en place un management bienveillant et adapté à la situation. Ce télétravail à temps complet nécessite une grande capacité d’adaptation, notamment pour les personnes n’ayant aucune expérience en télétravail ou éloignées des technologies de communication.
Les salariés peuvent être soumis à des angoisses ou des douleurs (liées à leur changement d’installation) et culpabiliser d’un manque d’efficacité (réel ou non). Le management doit ainsi prendre en considération ces éléments et permettre une flexibilité dans la gestion des tâches et maintenir l’autonomie habituelle.
Voici ci-dessous quelques principes généraux pour limiter les RPS.
Mettre en place un management bienveillant et adapté
- Définir les horaires de travail, en les adaptant si possible aux contraintes personnelles,
- Limiter les demandes de reporting au strict nécessaire,
- Rassurer les collaborateurs concernant la gestion des délais et la charge de travail,
- Ecouter les difficultés et remarques des collaborateurs, proposer des solutions.
Adapter son environnement de travail
- Définir, dans la mesure du possible, un espace de travail dédié,
- Aménager son poste de travail de manière à être bien installé.
Définir un rythme et une organisation du travail
- Respecter sa pause déjeuner et manger équilibré,
- Mettre en place des pauses régulières,
- Anticiper et planifier sa charge de travail sur la semaine,
- Respecter les horaires de travail par et pour tous,
- Prendre du temps pour soi.
Eviter l’isolement professionnel
- Organiser des réunions téléphoniques ou visioconférences avec les collègues,
- Prévoir des points réguliers avec le manager.
Vous pouvez également consulter notre article sur le télétravail en situation de confinement.
Pour les personnes devant se rendre sur leur lieu de travail
Pour les personnes se rendant sur leur lieu de travail, il est essentiel de respecter les règles de distanciation sociale. Différentes mesures sont possibles :
- Adapter la signalisation (ex : un marquage au sol),
- Limiter le nombre de personnes sur le lieu de travail ou dans un même local,
- Eviter les réunions et les rassemblements dans des espaces réduits,
- Privilégier les bureaux individuels en répartissant les salariés présents,
- Favoriser la communication à distance,
- Annuler/reporter les déplacements non indispensables,
- Etablir des procédures pour l’accès des visiteurs et des clients,
- Organiser la restauration en entreprise (plage horaire d’ouverture allongée, 1m de distance entre les places à tables, alternative à la restauration collective),
- Enlever les revues/documents dans les aires d’attente ou les salles communes,
- Limiter l’accès aux espaces de convivialité et autres lieux de pauses collectives,
- Mettre à disposition du savon et du papier à usage unique ou, pour les personnes ne pouvant pas accéder à des sanitaires, des solutions hydroalcooliques.
Il est par ailleurs recommandé d’éviter les situations de coactivité. Dans le cas contraire, des mesures sont également à mettre en place :
- Favoriser la succession des interventions et répartir les intervenants sur la zone d’intervention,
- Rappeler et afficher les mesures de prévention et les gestes à adopter,
- Disposer de solutions hydroalcooliques dans les lieux de passage.
Selon votre activité, il est possible de télécharger les fiches conseils proposées par le gouvernement pour les salariés et les employeurs.
Dans tous les cas, il est essentiel de respecter les gestes barrières et de suivre la procédure en cas d’apparition des premiers signes, mais aussi de veiller à l’hygiène des locaux.