Addictions en entreprise : quel est le rôle des RH dans la prévention et l’accompagnement ?

L’addiction est une pathologie qui se caractérise par une dépendance à une substance ou à une activité. Elle repose sur la consommation répétée d’un produit ou sur la pratique excessive d’un comportement, et ce, malgré la conscience des effets nocifs sur la santé.

En entreprise, les addictions peuvent impacter la performance, le climat de travail et la santé des salariés. D’où l’importance d’une prévention efficace mise en place par les Ressources Humaines (RH).

Les mécanismes des addictions en entreprise

Les conduites addictives en milieu professionnel trouvent leur origine dans trois principales dynamiques.

Premièrement, l’importation. La consommation se développe dans la sphère privée et finit par affecter la vie professionnelle. Par exemple, une personne souffrant d’une dépendance à l’alcool ou aux anxiolytiques à domicile peut progressivement voir cette addiction influencer son comportement au travail.

Ensuite, il y a l’acquisition. Certaines pratiques professionnelles favorisent l’addiction. Par exemple, les pots entre collègues, les repas d’affaires où l’alcool est omniprésent ou encore les traditions propres à certains secteurs d’activité, peuvent normaliser la consommation de substances.

Et enfin l’adaptation. Le travail lui-même devient un facteur incitant à l’addiction. Pour faire face au stress, à la pression ou à des horaires intenses, certains salariés se tournent vers l’automédication ou le dopage (médicaments, stimulant, surinvestissement dans le travail).

Facteurs aggravants et impacts des addictions en entreprise

Le risque d’addiction est multifactoriel. Plusieurs éléments propres à l’environnement de travail peuvent encourager ou aggraver ces comportements. Nous avons déjà évoqué les pratiques sociales, avec les pots réguliers et les soirées d’entreprise.

Le risque n’est pas le même selon le métier ou le secteur d’activité. En effet, des salariés souvent en contact avec le public, dans un environnement stressant, et qui doivent répondre à des demandes exigeantes, sont plus exposés à ces risques.

Cela dépend aussi des conditions de travail et de la culture de l’entreprise, qui sont propres à chacune, comme des horaires atypiques ou une charge de travail trop importante. Une tolérance implicite à certaines consommations comme l’alcool ou la cigarette peuvent stigmatiser ceux qui ne suivent pas ces usages et donc les inciter la consommation.

Le rôle des RH dans la prévention des addictions

1. Instaurer un climat de confiance et de sensibilisation

Les employés doivent pouvoir s’exprimer sans crainte lorsqu’ils rencontrent des difficultés. Par exemple, sortir 5 minutes pour fumer est socialement accepté, alors qu’un non-fumeur souhaitant une pause équivalente peut être mal vu.

Voici quelques actions à mettre en place :

  • Des campagnes de sensibilisation sur les addictions et leur impact,
  • Des formations pour les managers afin de repérer les signes avant-coureurs,
  • Mettre à disposition des ressources et un accompagnement anonyme pour les salariés en difficultés.

2. Agir à la source avec de la prévention et une réglementation

Il est possible de mettre en place une démarche de prévention, notamment pour les TPE, qui ont souvent moins de ressources pour traiter ces problématiques. Solliciter le CSE et instaurer des groupes de travail est aussi une solution pour favoriser un dialogue autour des addictions et proposer des solutions adaptées.

Il est important de solliciter la direction pour mettre en place une politique claire en matière de consommation d’alcool et de drogues, pour ensuite rédiger des règles internes en fonction des risques identifiés pour la santé et la sécurité des salariés.

L’accompagnement des salariés en situation d’addictions

1. Identifier les signaux d’alerte

Certains comportements, additionnés entre eux, peuvent signaler une addiction en cours :

  • Absence et retards répétés,
  • Baisse de performance et de concentration,
  • Isolement social ou relations conflictuelles avec les collègues,
  • Changements d’humeur fréquents, irritabilité accrue.

2. Proposer un suivi médical et un accompagnement adapté

Pour bien accompagner les salariés dans le suivi d’une addiction, vous pouvez faire appel à votre service de Prévention et de Santé au travail (anciennement la médecine du travail). Le médecin du travail ainsi que le psychologue du travail peuvent aider à dépister les situations à risques, conseiller l’employeur et orienter le salarié vers une prise en charge spécialisée.

Il est également important de faciliter l’accès à des dispositifs d’aide, des lignes d’écoute, des groupes de paroles, un soutien psychologique interne ou externe.

3. Favoriser un retour progressif et un soutien durable

Mettre en place un plan de réintégration qui permettra un retour au travail en douceur après un suivi médical et/ou un arrêt travail.

Par la suite, assurer un suivi régulier pour éviter les rechutes et garder une culture d’entreprise bienveillante en favorisant un climat ou les problèmes d’addictions peuvent être abordés sans crainte de stigmatisation.

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