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Stress et confinement, définitions et bonnes pratiques

La situation que nous vivons actuellement est inédite. La propagation rapide de la maladie sur le territoire national a amené le gouvernement à procéder à une gestion de crise exceptionnelle.

L’une des mesures consiste à respecter un confinement strict à son domicile. Cette crise induit une forte charge émotionnelle, accentuée par son caractère inattendu et soudain.

Le stress et ses mécanismes d’action

Le stress survient lorsqu’il y a un déséquilibre entre la perception qu’une personne à des contraintes que lui impose son environnement et de ses propres ressources pour y faire face.

Plus précisément, nous distinguons deux formes de stress :

  • Le stress aigu qui se caractérise notamment par une « décharge d’adrénaline » et qui permet de répondre à une situation stressante ponctuelle.
  • Le stress chronique qui apparaît lorsque la situation stressante se prolonge ou s’intensifie. Le corps fonctionne en sur-régime, ce qui peut avoir des conséquences directes sur l’organisme.

Les sources de stress en période de confinement

Face à cette situation, les sources de stress sont multiples. Voici quelques exemples.

La sphère personnelle et familiale

Les expériences passées, l’exposition face à la pandémie, la confrontation à la mort, le soutien de notre entourage, la santé physique, l’âge ou bien encore les antécédents personnels de troubles liés à la santé mentale peuvent être source d’anxiété.

A cela, s’ajoute un confinement imposé pour beaucoup d’entre nous afin de respecter la distanciation sociale et de limiter la propagation du virus. Ce confinement peut générer différents sentiments tels que la frustration, l’ennui, la solitude et des difficultés liées à la gestion de la famille avec potentiellement un regain de tension familiale dû à la promiscuité (jeunes enfants en appartement, gestion des devoirs, etc.)

L’organisation du travail mise en place

La priorité est donnée au télétravail qui, à temps complet, nécessite une grande capacité d’adaptation, notamment pour les personnes n’ayant aucune expérience en télétravail ou éloignées des technologies de communication. Les salariés peuvent être soumis à des angoisses ou des douleurs (liées à leur changement d’installation) et culpabiliser d’un manque d’efficacité (Les Risques psychosociaux en période de pandémie).

Pour d’autres salariés, l’activité sur le terrain continue et ce sont les règles de distanciation sociale qui s’appliquent. La crainte de contracter la maladie peut être plus forte pour ces salariés d’autant plus si les équipements de protection collective ou individuelle sont déficitaires ou inexistants.

L’incertitude socio-économique

Cette incertitude concerne les salariés mais également les employeurs :

  • Pour les salariés : contrat précaire, chômage partiel, stabilité financière de l’entreprise, appréhension de justifier son travail, culpabilisation quant à son efficacité professionnelle, etc.
  • Pour les employeurs : risque de faillite de l’entreprise, difficulté à payer les charges, etc.

Les sources d’informations

La médiatisation peut également générer le sentiment de manquer d’informations claires. Paradoxalement, il est possible d’avoir de multiples sources d’informations, parfois peu documentées et erronées, qui peuvent conduire à un sentiment d’incertitude et d’inquiétude quant à notre avenir proche (situation financière, durée du confinement, travail, etc.).

Chaque facteur peut se cumuler, voire en augmenter les effets. L’employeur s’emploiera, dans la mesure du possible, à détecter par les contacts systématiques et réguliers de ses salariés les signaux faibles d’un salarié en danger pour lui-même ou sa famille.

Qui est concerné et quels effets sur la santé ?

Tout le monde est concerné et les réactions personnelles face à des situations stressantes sont toutes différentes. Certaines personnes peuvent se sentir dépassées par les événements, d’autres auront des réactions mesurées et réfléchies ou bien réagiront de manière plus vive.

Une étude menée par Baï et al. (2004) précise que le confinement en période de quarantaine peut avoir différents impacts sur les individus :

  • Irritabilité
  • Insomnie
  • Difficulté de concentration
  • Indécision
  • Résignation

Une vigilance accrue aux effets à long terme de ce confinement imposé est nécessaire. L’exposition face à la pandémie, la crainte de la maladie, l’isolement dû à la distanciation sociale et l’insécurité socio-économiques sont autant de facteurs, parmi d’autres, pouvant conduire à un choc psychologique, dont sa forme la plus grave est le stress post-traumatique.

Par conséquent, il sera essentiel d’accompagner l’ensemble des collaborateurs lors du déconfinement et de la reprise d’activité.

Les bonnes pratiques

La priorité doit être donnée aux actions collectives (Cf. articles sur le télétravail et les risques psychosociaux). Toutefois, nous disposons également de nos propres moyens d’actions. Voici quelques pistes :

Limiter les sources d’informations

Sélectionner les informations pertinentes et de s’orienter vers des sources fiables permet de :

  • Mettre à distance les pensées négatives et préserver sa santé mentale
  • Eviter de se projeter dans des scénarii catastrophes
  • Prendre du recul

Positiver la quarantaine

Le respect de l’isolement constitue un comportement civique. C’est aussi le moment de rester actif, que ce soit physiquement ou intellectuellement pour contrecarrer le sentiment d’impuissance. Se préoccuper de son entourage et mettre en place une entraide collective permettent de se sentir utile.

Garder le contact

Les nouvelles technologies sont des outils efficaces pour rester en contact avec ses proches et ses collègues (si l’activité continue). Maintenir son réseau social actif et ne pas oublier que le confinement n’interdit pas l’humour sont bénéfiques pour son confort psychologique.

Pour les personnes confinées dans un même logement, il est tout aussi important de prendre des moments pour soi, sans interaction avec les autres.

Prendre du temps pour soi

Avoir des moments de détente est un bon moyen pour prendre le contrôle des pensées négatives. Garder une bonne hygiène de vie en maintenant une activité physique, une alimentation équilibrée et un rythme de sommeil habituel.

Sur le plan mental, préserver un rythme de vie régulier, tout en conciliant vie privée et vie professionnelle. En complément, différentes pratiques peuvent être utile pour accepter et accompagner nos émotions parfois négatives : la pratique de la cohérence cardiaque ou de la méditation en pleine conscience, des exercices de respiration ou de relaxation, etc. et faire preuve de résilience.

Sur le plan émotionnel, se faire plaisir par des activités diverses (télé, lecture, musique,mots croisés, jeux, etc.) et de vivre les moments présents. C’est peut être également l’occasion de revoir ses priorités et de prendre le temps de faire les choses.

Se faire accompagner
Face à cette situation singulière, Horizon Santé Travail a mis en place une permanence téléphonique de psychologues du travail et d’assistantes sociales, en lien avec le Médecin du Travail. N’hésitez pas à nous contacter si vous avec des interrogations ou des inquiétudes.

La résilience : une des facettes pour surmonter les difficultés

D’après Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, la résilience est la capacité de chacun à s’adapter à une situation de crise, telle que celle que nous traversons actuellement. En effet, toutes nos habitudes du quotidien (travailler, sortir pour se réunir ou faire des courses, ou tout simplement vivre le quotidien en famille ou seul), sont actuellement bouleversées.

De plus, l’information quasi instantanée que nous recevons, voire l’absence d’information concernant le retour à une vie normale, peut engendrer stress, mal être sans parler de la peur d’être malade ou de voir nos proches malades à leur tour à cause de ce virus.

Et c’est cette adaptabilité, cette résilience, qui nous permet, chacun à notre façon, de faire face à cette situation inédite en retrouvant des activités auxquelles nous n’avions plus de temps à consacrer : lecture, cuisine, vivre ensemble ou séparés ou en en découvrant d’autres, telles que l’école à la maison mais aussi la méditation ou le Pilate.

Tout cela aura donc un impact sur la suite de nos existences et des changements concrets individuels comme collectifs, se produiront à la sortie de ce confinement, nous permettant d’évoluer et donc de nous adapter.

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