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RPS et addictions, liens et impacts en entreprise ? 

Les risques psychosociaux (RPS) sont définis comme un risque pour la santé physique et mentale des travailleurs. Leurs causes sont à rechercher à la fois dans les conditions d’emploi, les facteurs liés à l’organisation du travail et aux relations de travail. Ils peuvent concerner toutes les entreprises quels que soient leur taille et leur secteur d’activité (source Ministère du Travail).

Les facteurs de risque à l’origine des RPS sont classés en sept grandes familles selon l’INRS : intensité et complexité du travail, rapports sociaux au travail dégradés, faible autonomie au travail, exigences émotionnelles, horaires de travail difficiles, insécurité de l’emploi et du travail et conflits de valeur.

Lorsque les facteurs de RPS ne sont pas repérés et maîtrisés, différentes situations peuvent en découler telles que des violences internes, des violences externes ou encore du stress. Dès lors, ces situations risqueront plausiblement d’instaurer un mal-être chez le salarié qui pourra développer différentes pathologies telles que les addictions.

Certaines situations de travail peuvent-elles favoriser les addictions ?

Oui. Une charge de travail importante, un manque de marge de manœuvre, travailler en dehors des horaires de travail, une perte de sens au travail, ou encore des instructions contradictoires peuvent favoriser l’apparition d’addictions.

Mais qu’est-ce qu’une addiction ?

Une addiction est une pathologie qui se définit par une dépendance à une substance ou une activité. Elle repose sur la consommation répétée d’un produit ou sur la pratique excessive d’un comportement, tout en ayant conscience que la consommation ou la pratique est nocive pour la santé.

Cela peut entraîner une perte de contrôle, une modification émotionnelle, des troubles médicaux, une perturbation de la vie personnelle, professionnelle et sociale.

Existe-il différents types de mécanismes d’addictions en entreprise ?

Les liens entre conduites addictives et milieu du travail ont trois origines :

  • L’importation : consommation dans la vie privée débordant à terme sur le travail
  • Acquisition : A l’occasion de pots, de repas d’affaires, partie intégrante de la culture métier, facilitant le lien social ou la production
  • Adaptation : automédication pour tenir au travail, dopage pour être performant

Voici trois situations illustrant quelques passerelles entre RPS et addiction. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations ayant existé ne saurait être que fortuite.

Mécanisme d’adaptation avec le cannabis

Mr X est cadre supérieur. Nouveau poste souhaité, nouveau défi dans cet univers très compétitif. Directeur charmant, collègues tous surdiplômés, cordiaux, et toujours joignables, Mr X s’étonne chaque jour d’avoir réussi à gravir tous les échelons en interne.

La prise de poste est difficile, les dossiers complexes : pas question de demander de l’aide, il faut persévérer. Mr X emporte quelques dossiers le soir, et aussi le week-end, arrête le sport, Madame fera les activités seule avec les enfants. Mr X s’endort de plus en plus tard et pense à cet ancien camarade qui se relaxait avec un « joint », il ne se parle plus mais il le croise tous les jours en allant travailler…

Trois mois plus tard, Mr X est totalement débordé au travail, il perd pied face à ses interlocuteurs et à sa hiérarchie, il commet de nombreuses erreurs. Après une nouvelle nuit d’insomnie, Mr X épuisé consulte son médecin traitant qui l’arrête pour au moins deux semaines. Mr X fume 3 à 4 joints de cannabis le soir pour se détendre et s’endormir, il consomme aussi du cannabis très tôt le matin pour affronter sa journée de travail.

Mécanisme d’acquisition avec l’alcool

Stagiaire au sein d’une start-up, Mme L. organise des soirées « after hours » pour faciliter l’intégration et souder l’équipe, à la demande de son encadrement.

Comme d’habitude, Mme L. n’a pas oublié de commander des caisses de bières et de champagnes. Cela est nécessaire pour se relaxer après des journées de travail bien chargées.

Mme L. assiste à sa 3e soirée toujours sobre car elle n’a pas l’habitude de consommer de l’alcool. Les réflexions de ses collègues « l’eau fait rouiller », pousse Mme L. à accepter sa première coupe de champagne pour faire « comme tout le monde ».

1 an plus tard, en « after hours », Mme L. après avoir englouti plusieurs coupes de champagne, taquine la nouvelle stagiaire qui se sert discrètement un jus d’orange.

Mécanisme d’importation avec le tabac

M. T, 36 ans, DRH dans une entreprise d’informatique. Il est 6h30, c’est l’heure de la première cigarette. Devant la machine à café du travail, il fume sa 18ième cigarette à la pause de 15h.

Aujourd’hui, gros dossier à traiter, M. T repart dans son bureau. Au bout de 30 minutes de travail, nouvelle pause cigarette-café pour « décompresser ».

Il est maintenant 21h, après plusieurs pauses cigarette-café, M. T éteint enfin son ordinateur pour rentrer chez lui. Sur le trajet, il fouille ses poches pour « en griller une dernière », le paquet est vide ! M. T, recherche désespérément le prochain tabac.

Comment agir ?

  • Instaurer un climat de confiance « sortir 5min pour fumer une cigarette semble normal, mais un non-fumeur qui souhaite prendre la même pause est mal vu »,
  • Le risque d’addiction est multifactoriel : les pots, les soirées, le métier, le secteur d’activité, le travail avec du public, les horaires atypiques, la charge de travail, le travail isolé…
  • Solliciter le CSE, instaurer des groupes de travail, impliquer la direction,
  • Agir à la source en mettant en place une démarche de prévention surtout envers les TPE,
  • Rédiger l’interdiction totale ou partielle de l’alcool si l’employeur évalue qu’il y a un risque pour la santé physique et mentale des travailleurs,
  • En parler au médecin du travail, médecin de ville, psychologue, psychiatre…
  • Prévoir un suivi médical.

Conclusion

Le travail semble protéger des conduites addictives, mais des déterminants professionnels, notamment les RPS, jouent un rôle dans l’apparition, le maintien ou l’aggravation des conduites addictives.

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